Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté **

Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté : affiche

Après le très mauvais Astérix aux Jeux Olympiques, on attendait beaucoup du retour sur grand écran du héros à moustache. Force est de constater que si l’on est largement au-dessus de l’opus précédent, le contrat n’est pourtant qu’à moitié rempli entre de purs moments de bonheur et de francs ratages. Le choix de Laurent Tirard d’être assez fidèle aux deux tomes d’origine, puisqu’il adapte le très bon bon Astérix chez les Bretons et le plus médiocre Astérix et les Normands, lui permet de retrouver un humour bon enfant plus qu’appréciable.

Du coup, il obtient un récit riche qui fait la part belle au côté plus humain d’Astérix et à sa relation de « vieux couple » qu’il entretient avec Obélix. L’alchimie entre Baer et Depardieu (très en deçà)  permet la réussite de ces scènes de comédie, par ailleurs soutenues par des seconds rôles en grande forme. Gallienne est formidable comme toujours. Lemercier, Deneuve et Le Bon s’amusent visiblement. Le jeune Vincent Lacoste est excellent. Je serais plus réservé sur les performances de Luchini, visiblement absent en César dépressif, de Jugnot en pirate et d’Atmen Kélif totalement à côté de la plaque et ridicule en pakistanais à l’accent chinois…

Quant aux Normands, si Dany Boon est assez drôle dans une scène d’anthologie avec Lemercier, force est de constater qu’ils n’apportent pas grand chose à l’histoire. D’ailleurs, ces digressions trop nombreuses et souvent inutiles font que le film a un côté suite de sketchs où chacun joue sa partition au détriment d’une certaine cohérence. Le rythme s’en ressent avec, à plusieurs reprises, des moments creux rendant l’ensemble moins enlevé que le Mission Cléopâtre de Chabat.

Car en se voulant fidèle à l’oeuvre d’origine, le film de Tirard reste bien sage et si le film est joyeusement régressif, il cible globalement davantage les 8-12 ans que leurs parents. Du coup, Tirard laisse les nombreux rôles secondaires vampiriser le film en lui apportant à la fois les scènes les plus drôles mais en alourdissant excessivement le récit. Les décors et les costumes sont fidèles à la BD, mais les effets spéciaux sont un peu datés et n’ont rien d’exceptionnels. Quant à la 3D, simple argument marketing, elle est plus que dispensable, voire franchement ratée.

Au final, un gentil divertissement familial, sauvé par ses acteurs, qui à coup sûr fera le plein d’audience lors de sa diffusion un dimanche soir à 20h50 sur TF1.

Molière ***

En ce début d’année le cinéma français nous propose un beau programme, très divers. Certes ce ne sont pas de très grands films mais malgré tout on les regarde sans déplaisir! Le Molière de Laurent Tirard, ex-journaliste de Studio, n’échappe pas à cette règle. Son idée de départ est intéressante et plutôt originale, il invente une partie méconnue de la vie de l’auteur, quelques mois durant lesquels il a disparu. Ce postulat est passionnant puisque le cinéaste part du principe que c’est cette courte période qui lui a inspiré ses plus grandes pièces.
On suit donc un Molière magnifiquement interprété par Romain Duris (la scène du cheval montre à elle seule son immense talent!) dans une série d’aventures rocambolesques et de marivaudages sympathiques. Dans les premières minutes, le film tarde un peu à trouver son rythme et peu à peu le film s’emballe porté par des comédiens excellents. Luchini fait du Luchini mais pourtant il arrive à donner beaucoup de poids à ce M. Jourdain, bourgeois rêveur et naïf qui espère s’anoblir. Edouard Baer est plus vrai que nature en noble fauché. Ludivine Sagnier compose une peste excellente, très Précieuses Ridicules. Quant à Laura Morante, très classieuse en femme de M. Jourdain, elle est tout simplement superbe. Face à ce film, on pense forcément à Shakespeare In Love, assez proche dans l’atmosphère et l’idée. La reconstitution est de qualité, les décors sont très beaux.
On pourrait cependant reprocher une réalisation un peu molassonne, qui manque un peu d’ampleur et parfois même d’ambition. Dommage que ça ne soit pas toujours à la hauteur des acteurs… Malgré tout on passe un bon moment, on relit avec bonheur certains passages et répliques cultes de Molière, et l’on découvre même ces textes sous un jour nouveau. Au final, dans les dialogues (très bien écrits) on ne sait plus qui est de Molière et qui est de Tirard! Un bon divertissement, tout simplement un agréable moment de cinéma!