No ***

No : affiche

Après avoir observé le coup d’état des généraux dans Santiago 73, Post Mortem, sous un prisme assez original, Pablo Larrain revient sur la dictature chilienne, cette fois-ci en traitant de sa chute suite au référendum perdu de 1988. Il propose une reconstitution particulièrement minutieuse de la période mélangeant avec brio images d’archive et fiction. Il va jusqu’à donner un rendu VHS, format 4/3, à son image, parti pris artistique très osé, pas toujours très beau à l’écran, mais qui donne une remarquable uniformité à son oeuvre.

Sur la forme, le film est donc une belle réussite renforcée par le jeu d’acteur brillant de Gael Garcia Bernal. En publicitaire et redoutable tacticien, jouant pourtant sur une certaine naïveté, l’acteur fait une nouvelle fois la preuve de son immense talent. Il porte le film de sa présence engagée et lumineuse.

Mais la force de No est d’apporter une réflexion puissante sur le sens profond de la démocratie et du fonctionnement politique, sur le rôle des images dans la manipulation des opinions. Il nous amène, non sans un certain cynisme à nous interroger sur la démocratie, un bien fragile qui doit être chaque jour défendu face aux extrémismes et aux populismes. Tout à sa démonstration, Larrain oublie parfois de démontrer l’impact de la chute de la dictature sur la vie de ses personnages (réels ou fictifs), au risque d’en faire perdre sa dimension humaine et émotionnelle à son film. Mais qu’importe, son No est l’un des films les plus malins et les plus intéressants de ce début d’année.

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